Météo : Plutôt bof le matin mais des moments agréables l’après-midi…
Ce que l’on apprend sur l’Ecosse et les Ecossais :
La couverture de survie ce n’est pas que pour survivre
D’où les Hébrides tirent-elles leur nom ?
Le jour se lève sur notre sixième jour en Ecosse. On a plutôt bien dormi grâce à notre feuille d’alu… Moi qui pensais bêtement qu’une couverture de survie c’était fait exclusivement pour survivre, j’ai été épatée qu’on puisse en faire utilisation pour améliorer son confort… Formidable objet, vraiment!
Au petit dej’ c’est la fiesta car la veille je me suis lâchée chez la sorcière de l’épicerie et j’ai acheté du nutella… Ce matin-là on a donc droit à de bonnes tartines bien épaisses avec notre café soluble, on est dans nos petits souliers… Mais quand le café est bu et le pot de nutella bien amoché, plus d’excuse : il faut refaire les sacs et aller à l’embarcadère du ferry. Notre prochaine étape est l’île principale des Hébrides extérieures : Lewis.
Je ne sais pas vous, mais moi le mot « Hébrides » me fait rêver. C’est joli, c’est léger, ça sonne comme une libellule, comme « éphéméride », comme le « jardin des Hespérides »… A ma droite, Seb propose « comme hybride »… Heureusement pour vous c’est moi qui raconte ! :-D Dans le Lonely Planet aussi ils ont le rêveur et l’autre pour expliquer l’origine du nom : « le mot Hébrides ne vient pas du gaélique mais du latin Ebudae, nom qu’avaient donné les Romains à l’archipel ». Mouais, c’est froid, j’aime pas trop, et en plus on ne sait pas ce que ça veut dire Ebudae… Le rêveur du Lonely Planet penche plutôt pour un nom « dérivé du norrois havbredey (îles du bout de la mer) », explication qui me convainc bien mieux, déjà parce qu’en prononciation je trouve ça plus proche, et aussi évidemment parce que c’est mille fois plus poétique que Ebudae (qui m’évoque plutôt du boudin)… Et sinon, pourquoi Hébrides extérieures, et bien tout simplement car Skye et toutes les autres petites îles de ce coin-là sont déjà considérées comme des Hébrides… Et que nous on va encore plus loin, à l’extérieur donc (ils ont peut-être des ancêtres communs avec les Nalsaciens, les Ecossais ?).
Bref ! donc nous prenons place dans le ferry Uig-Tarbert après avoir donné nos tickets anti-naufrage au contrôleur. La traversée dure cette fois 1h30, nous avons un peu plus de temps pour en profiter et guetter les baleines. Bon, pour les baleines, j’ai sans doute été la seule du bateau à les guetter, naïvement… J’en ai pô vu…
Arrivés à Tarbert nous trouvons rapidement les bus : le nôtre part environ une demie-heure plus tard. Du trajet jusqu’à Stornoway, je ne me rappelle rien du tout (j’ai quand même pas encore dormi, si ?!) Je suppose que le chauffeur roulait comme un fou et m’a fait peur. Je me rappelle mieux de l’arrivée à Stornoway en revanche, car nous sommes descendus en face de l’embarcadère des ferry et que je me suis dit que ce serait très curieux de faire ce voyage rien qu’en enchaînant les trajets. Hop, on descend du bus ! Hop, on monte dans le ferry ! Hop, on reprend un bus ! etc. En même temps on n’en est pas si loin que ça vu qu’on reste rarement deux nuits d’affilée au même endroit et qu’on part toujours en se disant « la prochaine fois il faudra qu’on fasse ci ou ça »… Enfin c’est le lot des voyageurs et nous ne saurions nous en plaindre !
Stornoway est très jolie, ça ressemble assez à un village de pêcheurs mais c’est plutôt une ville. 6000 habitants soit environ 5 fois moins qu’Agen, mais tout de même « capitale des Hébrides ». Ben ouais. Nous aussi ça nous a fait pareil. A ce moment-là il est l’heure de manger donc on se pose dans un petit square tout proche pour manger nos sandwiches et notre dessert au nutella en surveillant de tous nos coins d’yeux disponibles les mouettes (sait-on jamais, si l’une avait eu la bonne idée de déféquer au-dessus de notre casse-croûte).
Une fois rassasiés, nous partons en quête de l’auberge de jeunesse dans laquelle nous avons réservé nos lits pour les deux soirs à venir. C’est un peu l’auberge espagnole dans le sens où il n’y a pas toujours quelqu’un à l’accueil, c’est aménagé dans une maison de base, et ils ne sont pas super à cheval sur l’hygiène ni sur le taux de remplissage des placards (qui sont censés nous procurer un petit-déjeuner inclus dans le prix le lendemain matin !). M’enfin, on est mieux là que dehors comme disait l’autre et surtout ce qui est méga cool : on peut faire une lessive ! Le soleil se fait moins timide dans l’aprèm ce qui fait qu’on récupérera nos habits quasi-secs le soir…
Une fois nos sacs posés et nos lits (superposés évidemment) réservés, nous partons faire quelques courses pour nous ravitailler. Au passage nous entrons dans l’office du tourisme local pour nous renseigner sur la possibilité de location de vélos dans la ville et sur les circuits qu’on peut prévoir sur l’île. Bilan : y’a un bonhomme qui loue des vélos dans la rue à côté de celle où nous sommes logés et il y a des tas de trucs à voir dans les environs. Super… Tout cela étant fixé, on peut terminer tranquillement notre journée…
Nous avions prévu de visiter le musée de la ville mais il était malheureusement fermé pour travaux à ce moment-là. Nous nous sommes donc résignés à faire un petit tour dans le centre-ville, ce qui fut vite fait, puis vers le « château » de Stornoway, sur une esplanade tout près de l’eau…
Nous sommes restés là un bon moment, comme deux petits vieux sur un banc, sans presque échanger une parole et du coup en ayant une « conversation » plutôt surréaliste (pour ceux qui se rappellent de la pub pour Crunch d’il y a quelques années, c’était dans le même genre : « Avais-tu déjà regardé le plafond Anya ? – non, pas plus que ça Renderick. »). Nous étions alors dans les meilleures dispositions qui soient pour prêter attention aux mystères de la nature… Enfin, en fait de mystère, il s’agissait tout simplement du sevrage des jeunes mouettes. Au début ce n’est pas évident de reconnaître que les jeunes sont bien des mouettes, car ils sont beaucoup plus sombres que les adultes, et ne se tiennent pas pareil : ils ont la tête rentrée près du corps et couinent bêtement, tandis que les adultes ont le port de tête altier et s’expriment avec le cri si reconnaissable que Fort Boyard a fait découvrir même à ceux qui n’avaient jamais vu la mer… Et puis les jeunes paraissent au moins aussi gros que les adultes alors on ne comprend pas tout de suite qu’ils sont de la même famille… C’est seulement quand on a remarqué que le même gris suit toujours la même blanche en poussant des cris à fendre le cœur et en volant avec difficulté qu’on commence à échafauder l’impensable hypothèse (oulà, je m’emporte !). Bref voilà, ce pauvre Tanguy des mouettes nous a bien diverti pendant notre pause sur notre banc, et sa maman (son papa ?) s’est montré très patiente avec lui, comme c’est beau la nature (moi je l’aurais planté là je pense)…
Quand on estime s’être assez instruits au contact de la nature, nous flânons encore un peu sur le retour afin de trouver un restau sympa pour le soir (on est quand même en ville alors on va pas faire nos sauvages avec nos boîtes de chili au réchaud !). On repère le « Tapas Corner », un restaurant de Tapas à l’angle de notre rue (on peut pas dire qu’ils se soient foulés pour le nom, je vous le concède bien volontiers).
Bon, en termes de tapas, ils semblerait que nous soyons les plus au fait dans ce restaurant de la culture qui va avec… Les autres clients se commandent des petites assiettes qu’ils ne partagent pas et nous regardent un peu de travers quand on s’attaque aux gambas poêlées (délicieuses !) avec les doigts… Quand à la serveuse, vu ce qu’elle appelle « sangria » (une sorte de lambrusco avec un goût de grenadine qu’elle nous vend à 10 livres le pichet), il semblerait qu’elle ne soit pas espagnole… Enfin il ne reste plus l’ombre d’un doute quand nous constatons que le « haggis », le plat écossais par excellence est proposé à la carte. Mais qu’est-ce que le haggis, me direz-vous ? Vous tenez vraiment à le savoir ? Très bien, vous l’aurez voulu : c’est de la panse de brebis farcie. Pas mauvais mais j’ai pour ma part trouvé ça un peu écoeurant… Finalement sous forme de tapa c’est très bien ! Je pense qu’en revanche Seb en aurait volontiers repris une bonne assiette le lendemain… Bref, nous avons en tous cas bien mangé (ça va qu’on n’est pas loin de l’auberge) et c’est avec une immense joie que nous tombons dans nos lits!
La chambre d’en face est occupée par une demie-douzaine de français qui sont là pour fêter l’enterrement de vie de garçon de l’un d’entre eux. Ils font pas mal de bruit et ne se soucient pas le moins du monde de savoir si d’autres personnes sont là, souhaitent dormir ou autre… Enfin je dis ça parce que je connais la suite de l’histoire mais ce soir-là je me suis juste dit « les portes doivent claquer facilement dans cette maison » avant de m’endormir… Et puis on était quand même fatigués et on devait se reposer pour la journée vélo du lendemain : on ne s’est donc pas appesantis sur le bruit des voisins et sommes tombés tout droit dans les bras de Morphée.