mercredi 28 novembre 2007

Fort Augustus, Edimbourg, 12ème jour.

Impression générale : Oulà, que d’animation ! Ca change !
Météo : Bof, plutôt gris, pas gégène…
Ce que l’on apprend sur l’Ecosse et les Ecossais :
- La bonne façon de prononcer « Edimbourg » …
- Encore une église recyclée

La fin de notre séjour approche ! Nous le ressentons particulièrement ce matin-là puisque notre destination du jour sera notre dernière étape et, comme on dit en anglais, « the last but not the least » (pour les non-anglophones, on pourrait traduire par « la dernière mais pas la moindre ») : aujourd’hui, nous allons à Edimbourg ! Alors, pour info, un Ecossais ne dit pas « Edimbourg ». D’ailleurs il n’ECRIT même pas « Edimbourg ». Il écrit « Edinburgh » et dit « édinbara ». Voilà, vous le saurez !

On voit bien que c’est la fin du séjour à la vitesse avec laquelle on monte et démonte la tente. Je crois que notre voisin de camping écossais avec qui nous avions sympathisé la veille a été plutôt épaté de voir ça : le temps que Seb aille se doucher et revienne, tout était plié ! Après les avoir salué, nous sommes ainsi repartis, nos sacs au dos, vers le centre de Fort Augustus pour attendre le bus qui nous emmènerait à la capitale…

Sur le trajet, rien de particulier à dire. Je ne me rappelle même plus combien de temps cela a duré mais je crois me rappeler qu’en arrivant, nous nous sommes tout de suite mis en tête de trouver un parc pour manger, ce devait donc être aux alentours de midi … Décidemment, il n’y a que ça dont je me rappelle on dirait ! Enfin, nous nous sommes installés dans un parc tout en longueur et pentu où il y avait plus de bancs-mémoriaux alignés que tout ce que nous avions pu voir jusqu’alors durant tout le voyage ! On a pu en trouver un de libre et ce fut bien sympathique car il y avait encore du soleil à ce moment-là. Pour info c’est en haut de ce parc que se trouve le monument dédié à Walter Scott (on ne peut pas le rater). Je ne sais pas vous mais moi je connaissais ce nom, sans trop savoir d’où je le tenais… En regardant la liste de ses ouvrages les plus connus (car c’est un écrivain), je n’ai rien trouvé qui me disait quoi que ce soit, mais peut-être que vous oui ? Waverley, L’Antiquaire, Ivanhoé. Bon OK, le dernier ça me dit bien quelque chose mais je n’avais pas idée que c’était de lui. Le Lonely Planet m’apprend aujourd’hui que c’est Walter Scott qui a inventé le genre du roman historique… Peut-être qu’on nous a appris ça à l’école ?!? Bref, quoiqu’il en soit, il se trouve que ce gars-là a été extrêmement populaire de son vivant (il a suscité un vif engouement pour l’histoire et les légendes écossaises) au point que, quand il est mort en 1832, non seulement il a eu droit à des funérailles nationales, mais en plus une souscription a été ouverte pour lui édifier un Mémorial. Le résultat est là :

Le mémorial de Walter Scott, construit à sa mort. Le bonhomme était extrêmement populaire de son vivant…

Ce qui est un peu curieux c’est qu’il était criblé de dettes quand il est mort. Il y avait l’explication de ça dans le Writer’s Museum (le musée des écrivains) que nous avons visité plus tard dans la journée mais je ne m’en rappelle plus précisément. Je sais juste que Scott avait apparemment la réputation d’être honnête et extrêmement travailleur. Ses contemporains de toute l’Europe ne tarissaient pas d’éloges à son sujet. Les dettes doivent s’expliquer avec quelque chose du genre « sa mère-grand étant gravement malade, il s’est ruiné en soins et en maison de retraite de luxe tellement il était aimant et attentionné envers sa petite mamie adorée ». C’est bête que je ne me rappelle pas de ça, surtout que je me souviens de choses beaucoup moins utiles : par exemple, il avait une jambe plus courte que l’autre (la droite ! pourquoi je me rappelle de ça ???!), à cause d’une poliomyélite qu’il avait eue à l’âge de 2 ans. En témoignait son cheval de bois qui avait une cale plus haute que l’autre… Enfin, je trouve que c’est déjà une belle performance de se rappeler de ça alors que dans ce musée je suis presque exclusivement restée à l’étage consacré à Robert Louis Stevenson… Eh oui, un autre écossais, mais celui-là m’était nettement plus familier ! Ce qui m’a fait drôle, c’est de voir cité là-bas dans ce musée le nom d’un village du Parc naturel régional du Gâtinais français (où je travaille) !! Je crois que c’est Villiers-sous-Grez. En fait c’est là-bas qu’il a rencontré sa femme figurez-vous ! C’est-y pas incroyable ?! Nous avions aussi marché dans ses pas lors d’une rando en Margeride (en Lozère) à l’été 2005 (il a tiré de ses pérégrinations sur les chemins de la région un journal de voyage intitulé « Voyage avec un âne »). Du coup il me paraissait beaucoup plus proche de moi (il y avait aussi le fait qu’il était moins éloigné dans le temps : il est mort en 1894 à l’âge de 44 ans). Il avait la santé très fragile mais a beaucoup voyagé, et il y avait plein de souvenirs de ces voyages, des lettres, des photos (pas mal d’ailleurs, vu l’époque), des objets, des livres (les Essais de Montaigne en français par exemple)… Enfin, ça m’a vraiment passionnée : il semblait tellement accessible à travers toutes ces choses, qu’il me semblait que je pouvais très bien m’imaginer son caractère, sa façon de vivre… C’est drôle comme l’essence d’une personne peut persister longtemps à travers ce qu’on garde d’elle…

Bref, j’ai fait une méga-digression ! Le Writer’s Museum, nous n’y sommes allés que plus tard dans l’après-midi. J’en étais pour l’heure à notre pause-déjeuner… Une fois nos sandwiches avalés, nous sommes restés un petit moment sur notre banc pour profiter un peu du soleil, essayer de nous décider sur l’emploi du temps de l’après-midi (que voir ? il y a tellement de choses à voir et à faire là-bas !) et à observer les gens dans le parc… Il y avait des petits groupes assis dans l’herbe, une bande de jeunes asiatiques qui faisaient du hip-hop un peu plus loin (ils étaient extrêmement doués, c’était impressionnant !) et aussi un groupe d’asiatiques toujours mais plus jeunes et en costumes qui se voulaient traditionnels (c’étaient des déguisements à mon avis) et qui répétaient une chorégraphie sans musique. C’était chouette à regarder, surtout les moments où ils se plantaient parce qu’ils s’esclaffaient et avaient vraiment l’air de s’amuser. Un peu plus tard le groupe de filles censé danser avec eux est arrivé, les petites se sont mises en position et les garçons ont recommencé. Je dois avouer que je n’ai pas trop compris l’intérêt des filles là-dedans car il semblait que leur seul rôle était de rester debout face au groupe des garçons… O_o ?!

M’enfin, une fois reposés et repus d’images de square, nous sommes repartis, poser nos gros sacs à l’auberge de jeunesse où nous avions réservé notre nuit avant de revenir plus légers pour une petite visite du centre historique. Je vous en dirai plus un peu plus loin sur le Bedford Hostel, mais pour l’heure, je ne résiste pas plus longtemps à l’envie de vous dévoiler la superbe vue qu’on a eue au pied du château d’Edimbourg…

Le château d’Edimbourg… La fameuse Marie Stuart a vécu là !

Comme souvent quand on voit quelque chose de beau et de haut, on a voulu monter… Drôle de réflexe quand on y pense… Quoiqu’il en soit, nous sommes montés tout là-haut pour nous promener dans la ville historique en suivant docilement un des circuits du Lonely Planet (encore lui !). Le départ était dans la cour du château, mais malheureusement, au moment où nous y étions, il y avait régulièrement (une fois par semaine, je crois) une sorte de défilé militaire en costume d’apparat. Ils appelaient ça le « Edinburgh Military Tattoo » et ça devait être sérieux car il y avait plein de caméras de télé. Bref, tout ça pour dire qu’à cause de ce truc, il y avait des gradins tout autour de la cour d’entrée du château et qu’on ne voyait pas le magnifique panorama sur la ville. Ceci dit, ce n’est pas bien grave, on a fait notre petite balade tranquillement, en entrant dans des petites cours toutes mimis en retrait de la rue (il y en a plein, qui relient parfois deux rues entre elles). Il y en a même une (Victoria’s Terrace) qui donnait sur une autre rue en surplomb. C’est dû aux différentes époques de construction de la ville. Dans le même genre, il y a des anciens ponts qui reliaient la vieille ville à l’extérieur qui ont été « noyés » dans les immeubles ultérieurs, de sorte qu’en se baladant, on voit parfois un bout de pont surgir d’un immeuble, surplomber la rue et disparaître dans le mur de l’immeuble d’en face… On a croisé pendant notre balade pas mal de groupes de touristes en visite guidée, dont un qui suivait un gars déguisée en vampire (c’était la visite thématique « Edimbourg souterrain »). C’était assez drôle car ils ont tous émergé d’un escalier et se sont répartis autour de leur guide, qui faisait mine de parler avec une des personnes qui était là. Tout d’un coup, il a fait « Bonsoir à tous ! » (ou quelque chose approchant) d’une voix beaucoup plus forte et en prenant l’air menaçant. Ca en a fait sursauter plus d’un ! Ben oui, au moins moi, qui n’étais même pas dans le groupe… Héhé !
Un charmant petit quartier, tout proche du château, où ont vécu pas mal d’artistes.
Une statue de John Knox ?! Pourtant moi j’avais compris qu’il était plutôt pas gentil…


Une curiosité : une rue qui donne sur Victoria’s Street en « terrasse » (et donc fort logiquement nommée « Victoria’s Terrace »).

Au fur et à mesure que l’après-midi avançait, les rues étaient de plus en plus animées. En fait, nous étions à Edimbourg au moment d’un gros festival qui s’appelle « The Fringe » (mot-à-mot, la marge). Ce nom est dû aux origines du festival en 1947, quand 8 compagnies de théâtre avaient été évincées du programme d’un autre festival et avaient fait leur Festival Off, « en marge » du « vrai » festival… Il se trouve qu’aujourd’hui, The Edinburgh Festival Fringe est le plus grand festival d’arts de la scène du monde. Du coup, l’après-midi tous les petits groupes de musique, troupes de théâtre, etc. faisaient leur promo dans la rue pour leurs spectacles du soir. C’était sympa car très festif. Ca et les chevaux qui se préparaient pour le Tattoo, ça nous a fait pas mal de choses à voir !

Tant qu’il faisait encore jour, nous sommes allés faire un tour sur Calton Hill, l’acropole bon marché de la ville… En fait c’est une colline où les romantiques du XIXe siècle sont allés construire des néo-ruines et des bâtiments d’inspiration gréco-romano-cliché pour agrémenter leurs ballades du dimanche avec les madames en robe à crinoline… Enfin, au moins il y a une belle vue sur la ville ! Allons, on ne va pas cracher dans la soupe hein, qu’on soit bien clair, je chambre juste un chouïa nos amis d’Edimbourg…

Les fausses ruines romaines sur l’Acropole de la ville… Ils avaient bon goût au XIXe, non ?

Depuis cette colline on voit une magnifique cuesta ( ?). En fait je ne suis pas sûre que ce soit bien ça mais c’est exactement l’image que je m’en fais…

Et en plus, on a une belle vue sur la ville et le château !

Pour le repas du soir nous avons évidemment opté pour un « Fish and chips » : depuis pas loin de 2 semaines que nous étions en Ecosse, nous n’avions encore jamais expérimenté… Bon, disons que c’était bon mais peut-être pas de quoi en faire un plat, hormis si on parle du prix qui était lui un peu de l’arnaque vu le contenu des assiettes… Bon, nous on s’est contentés de le penser mais on a vu un bonhomme entrer, s’asseoir à côté de nous… et repartir aussitôt qu’il a eu vu la carte ! M’enfin, au moins on a testé et ce n’était pas mauvais, c’est le principal… Sans compter que là on était au moins à l’abri (il s’était mis à pleuvoir quand nous déambulions dans les vraies-fausses ruines romano-écossaises). On est encore restés un peu dans la vieille ville avant de rentrer, le temps de prendre un chocolat chaud et de voir un groupe celte jouer, et des filles en peau de bête danser celte (ça consiste à sauter sur place, tantôt sur une jambe tantôt sur deux, avec les mains sur les hanches, ou parfois une seule avec l’autre au-dessus de la tête, le tout en souriant).

Bon finalement, lassitude oblige, on est rentrés à l’auberge de jeunesse qui était sise dans une ancienne église… Au début ça fait un peu bizarre de se dire qu’on va dormir dans une église, et puis bon, finalement, si on regarde seulement au niveau des lits, ça ressemble à une vraie chambre d’auberge de jeunesse, avec ses 4 lits superposés (soit 8 places par « box », oui oui, vous comptez bien). Après si on lève les yeux, ce qui arrive, surtout quand on est couché (a fortiori sur un des lits du haut), on voit qu’il n’y a pas de plafond à notre box et qu’on voit très loin au-dessus le plafond de l’église, les vitraux, tout ça… Bizarre !


Oui, oui, c’est bien une auberge de jeunesse !

Une petite idée de ce à quoi ressemblait le Bedford Hostel… Etonnant non ?


Je crois qu’on n’a pas fait long feu ce soir-là ! Evidemment, vu l’isolation béton des boxes, on a entendu toute une série de gens rentrer du festival à diverses heures de la nuit, mais bon, à part un espagnol qui parlait plutôt fort, je ne me rappelle pas que ça ait été particulièrement gênant…

lundi 5 novembre 2007

Inverness, Fort Augustus, 11ème jour.

Impression générale : Une bien belle journée... Fort agréable après l'épreuve de la veille!
Météo : Super beau, ciel bleu la majeure partie de la journée…
Ce que l’on apprend sur l’Ecosse et les Ecossais :
- Ils ont de bonnes idées pour réutiliser leurs anciennes églises !


Le jour se lève sur ce merveilleux endroit que nous semble être le camping d’Inverness en comparaison de notre précédent campement… En plus de ça, le ciel est bleu, illuminé par un beau soleil… La journée promet d’être belle ! Nous avons prévu d’être à Fort Augustus, sur les rives du Loch Ness, le soir. Ca nous laisse une bonne partie de la journée pour flâner un peu en ville… Et pour commencer, faire une bonne grosse lessive !
Nous regagnons le centre-ville en longeant la rivière Ness (qui sort du loch du même nom) pendant un bon moment. C’est franchement charmant, un vrai régal !
Un des moults ponts victoriens qui traversent la Ness

On s’arrête ensuite pour se débarrasser des tâches « de survie » : Seb va à la laverie et moi au supermarché en face (à faire ce récit, j’ai l’impression qu’on passait notre temps à faire les courses !). Une fois toutes ces choses passionnantes réglées, on se met en route pour les quelques endroits de la ville qu’on a repérés via le Lonely Planet et que nous souhaitons voir avant de partir… Pour l’heure, il n’est pas loin de midi, et nous commençons donc nos crapahutages par… une pause-repas ! (Gloutons nous sommes, gloutons nous resterons!). Nous choisissons pour lieu de pique-nique le Tribunal de la ville… « Quel drôle de choix ! », vous entends-je dire d’ici… Ben, c’est qu’il est plutôt pas laid, le tribunal, et surtout bâti sur le plus haut point de la ville, offrant ainsi sur elle un charmant panorama…
Inverness a l’air franchement accueillant… Le gros bâtiment qu’on voit là-haut, c’est le tribunal de la ville.

Et depuis le tribunal on voit ça…

Evidemment, nous ne sommes pas les seuls à avoir choisi cet endroit pour pique-niquer et il y a justement à côté de nous un groupe de PA (Personnes Agées, abréviation que j’emprunte pour l’occasion à beau-papa) qui a décidé de filer un paquet de chips entier aux mouettes… Quelle bonne idée ! Comme ça, elles viennent nous beugler dans les oreilles et ça multiplie par douze le risque de se prendre un malheureux incident sur le casse-croûte… Déjà qu’en temps normal, une aire de pique-nique c’est pas super « secure » du point de vue RCE (risque de chute excrémentielle), là c’était le bouquet ! M’enfin, disons par une poétique image que nous sommes « passés entre les gouttes » et que nous étions bien contents (enfin, au moins moi) de repartir sitôt les sandwiches avalés…

Alors, par où commencer ? J'ai repéré un endroit qui me plaît pas mal en ce qu’il allie des magasins au côté « visite » : c’est le Victorian Market… En gros, une galerie marchande des années 1890, ou encore : un bon prétexte pour faire du lèche-vitrine :-) . A l’intérieur, la variété des magasins est surprenante : à la fois un peu décevante (« Oh, des magasins à touristes ! ») et rassurante (« Oh, un primeur ! »). En gros, ce lieu n’est pas qu’un attrape-touristes, il y a aussi des « vraies » gens qui viennent là, mais du coup ça fait que l’apparence des « vrais » magasins est souvent nettement moins soignée que celles des vendeurs de cartes postales ou de kilts… Enfin, voilà, c’est charmant mais on ne s’y attarde pas plus qu’il ne faut pour acheter une dizaine de cartes postales (comme quoi ça marche : on n’a pas acheté des endives !).

Le Victorian Market, galerie marchande de l’époque victorienne cachée dans un pâté de maison.
Une idée du dedans… Ca ferait un bon décor pour le « Chemin de Traverse » de la série des Harry Potter, ne trouvez-vous pas ?

Ensuite, on s’est dirigés vers un endroit dont la description avait particulièrement retenu mon attention… Le Leakey’s bookshop.
De là vous diriez pas mais cet endroit est génial…

En fait, c’est une ancienne église qui a été transformée en librairie d’occasion. L’impression que ça rend est grandiose, d’autant qu’elle est vraiment pleine de bouquins, cette église !!! Des rayonnages partout, en guise d’accueil un super comptoir/meuble en bois genre « réception d’hôtel chic » couvert de piles de bouquins, une mezzanine tout autour qui donne accès aux livres les plus anciens et aux vieilles cartes, mezzanine à laquelle on accède - je vous le donne en mille - par un escalier en colimaçon ! Tous les clichés de ma bibliothèque rêvée réunis ! J’étais folle ! J’ai dit à Seb que je voulais une bibliothèque tout pareil, mais ce n’était pas vraiment la peine parce que primo c’est pas très trop possible, et deuxio, il le sait déjà depuis longtemps… Sauf que là, on l’a vraiment vu ! C’était pas un film ni un livre, c’était vrai ! En plus de ça, à l’étage, il y avait un petit café qui nous a permis de nous poser un moment pour prendre un capuccino et regarder ce superbe endroit autant qu’on voulait… Vraiment impressionnant, mais encore une fois les photos n’en rendent pas compte aussi bien que je le souhaiterais !


Ce qu’on voit depuis la partie « café »…

Ca en jette quand même, non ?


« Voir le Leakey’s bookshop et puis mourir… » Personne n’a dit ça un jour ? ... Non ?... Ah bon, je croyais… En tous cas, nous une fois qu’on a vu ça, nous n’avons plus eu grand’chose à faire dans cette ville. Nous sommes donc allés rejoindre la gare routière pour prendre notre bus.
Il s’est avéré que celui-ci n’était pas près de partir. On n’a pas compris grand’chose à ce que disait quelqu’un que j’ai pris pour une sorte de « chef de gare routière », mais les gens qui allaient à Mmummumumumm sont partis dans le premier bus plein comme un œuf, et les autres, dont nous, qui allions à Fort Augustus, devaient rester là un peu plus longtemps. Apparemment, des écoliers étaient au bord de la route en train d’attendre un bus qui n’était pas parti et il fallait qu’on les prenne au passage, le souci étant qu’on n’aurait peut-être pas assez de place pour tout le monde… Vous avez compris ? Non ? Ben pareil que nous, alors… Ca nous a donné l’occasion de sympathiser un peu avec une famille (ou plutôt une bande composée exclusivement de filles, sans doute une mère, ses trois filles d’une vingtaine d’années, et la fille de l’une d’elles) par quelques mots échangés et quelques mimiques et sourires… Pas grand’chose mais qu’est-ce que ça fait plaisir… Après une quinzaine de minutes, on a fini par partir. Le chef de gare super-stressé (il nous parlait presque comme un militaire, c’en était drôle au point qu’on s’est demandé si en fait il ne le faisait pas exprès pour que les grincheux pressés prennent leur mal en patience) a pris le volant ( ? O_o ?) et le chauffeur du bus s’est assis à côté de lui. Cherchez pas à comprendre, tant que ça roule!... Nous sommes montés avec le groupe de filles (la mère/grand-mère est restée à quai) et hop, c’est parti !

Dans le bus… Où l’on voit les ravages des méchants midges sur mon joli minois… Bah, tant que ça empêche pas d’être de bonne humeur…

C’est quoi à votre avis ? … Un loch ?! Non, c’est LE loch ! Mesdames et Messieurs, le Loch Ness !... Qui a dit « Quoi ? C’est tout ! » ?


Nous avons longé le Loch Ness un bon moment et avons été surpris du peu d’exploitation touristique qui était faite de « Nessie » (le petit nom du monstre, qu’étrangement tout le monde connaît alors que personne n’a jamais vu le monstre lui-même… M’enfin !). Un seul endroit était un peu plus tape-à-l’œil, peu avant Urquhart Castle, mais le signe le plus visible était un grand panneau dans les tons vert-bleu en forme de Nessie (vous voyez Denver le dinosaure ? ben vous le mettez à l’horizontale sans ses lunettes roses et sa guitare et ça fait pareil). C’était plutôt une bonne surprise.


A Urquhart Castle, nous avons récupéré le fameux groupe de jeunes… Pour info, Urquhart Castle est sans doute le lieu le plus connu sur le Loch Ness parce que c’est là que les gens attendent pendant des heures de voir une sorte d'énorme grenouille pointer le bout de son museau hors de l’eau. C’est d'ailleurs pour cela que nous ne nous y sommes pas arrêtés). Il y a là un vieux château en ruine (très belles ruines d’ailleurs) qui a été maintes fois détruit et reconstruit, la dernière démolition datant de 1692 (ils l’ont mis par terre exprès pour pas que les Jacobites s’en servent, c’est quand même dommage…). Bref, voici donc les djeuns qui montent dans le bus, et là, surprise!, ce sont des « frenchies » en voyage scolaire… Du coup pendant une dizaine de minutes on s’est délectés à les écouter parler comme si personne ne les comprenait. Ils n'ont particulièrement pas été tendres avec les écossaises du fond qui, certes, étaient un peu costaudes et écoutaient de la musique en chantant sans complexe, mais les jeunes français (qui étaient sans doute en troisième ou en seconde) étaient quant à eux particulièrement portés sur leur look, la musique à la mode, etc. (à choisir je préfère les écossaises, mais il faut bien que jeunesse se passe comme dirait l’autre !) A chaque arrêt les minettes à côté de nous se repoudraient le museau, les gars pavoisaient en critiquant tout. Je me rappelle particulièrement d’un arrêt en face d’une petite auberge où un des jeunes a dit : « Ouah, mais comme elle est pourrie cette maison ! J’espère qu’on va pas dormir dans un truc comme ça ! ». Je me disais « Ben mon gars, si tu savais qu’on n'a jamais dormi dans un truc aussi luxueux et qu’on a pourtant passé des super-vacances… »… Mais bon, c’est l’âge, hein ! Ca leur passera ! A force de nous voir sourire en coin dès qu’ils ouvraient la bouche (car c’est franchement caricatural un ado de cet âge, et en même temps on s’y reconnaît tellement bien parfois !), celui qui parlait tout le temps nous a demandé si on était français. Quand on a répondu que oui, ils ont eu l’air un peu gêné et ont fait un peu moins de blagues sur les écossaises du fond. Ils nous ont demandé si on était en vacances, ce qu’on avait vu, etc. J’en ai profité pour glisser une petite allusion à tous les endroits « pourris » qu’on avait vus et le « gamin » a été un peu gêné mais il savait que je le charriais. La nénette qui s’était remaquillée à la pause, très jolie et qui le savait d’ailleurs, américaine, Sixtine qu’elle s’appelait, nous a demandé si LochLochy (l’endroit où ils devaient passer la nuit apparemment) était une grosse ville. J’ai répondu « Holà, non, c’est un trou perdu ! ». Elle a eu l’air tellement dépité que je lui ai dit qu’en fait j’en savais rien, mais qu’il y avait quand même des chances que ça ne soit pas très gros. A voir la carte après coup, je pense qu’ils ont effectivement été déçus ! C’est dommage car je pense qu'ils n’ont pas spécialement profité du côté « nature » de ce voyage… Enfin, quand on est descendus du bus à Fort Augustus je me suis délectée de l’image de héros qu’on a dû leur laisser en nous éloignant avec nos gros sacs sur le dos et les chaussures de rando aux pieds !


Nous marchons quelques minutes pour atteindre ce qui semble être le cœur du village. Il faut dire que ce n’est pas bien gros, donc le cœur pourrait être n’importe où ! Mettons que ce soit au niveau de la jonction entre le canal et le loch… C’est assez particulier cette jonction, car elle consiste en une série de 5 écluses les unes à la suite des autres… A ce moment de l’année, il y a pas mal de trafic fluvial, du coup on a pu voir un paquet de bateaux, de la simple péniche au voilier plus ou moins baroque… En se débrouillant bien, on a pu entendre les questions des autres touristes au bonhomme qui pilotait tout ça, du coup on a appris que le passage de l’ensemble des écluses prenait 1 heure… Ben oui, quand même ! On était assis sur un banc au niveau de la dernière écluse quand une dame sur un des bateaux a demandé de l’aide à Seb. Elle lui a lancé une corde, comme dans les films, et lui était fier comme c’est pas permis. Malheureusement je ne l’ai pas pris en photo (je trouvais ça ridicule de faire la groupie…).


A Fort Augustus, il y a une série de 5 écluses, un peu comme à Rogny-les-sept-écluses… Quoi, vous ne connaissez pas Rogny-les-sept-écluses !? Ben faut viendre chez nous, c’est pas loin, dans l’Yonne…
Pendant l’ascension des bateaux, on a eu le temps de se balader un peu autour, et de marcher jusqu’à la jetée sur le loch. Pas super calme comme endroit : les visiteurs s’y succèdent pour commenter je ne sais quoi, mais par grand soleil et un peu plus vide, ce doit être un sympathique endroit…


A Fort Augustus, y’a des gens qui guettent le monstre du Loch Ness ...

… et qui s’en vont parce qu’ils l’ont pas vu !


Une fois notre petit tour effectué, nous nous installons à la terrasse d’un des pubs du village… A cette occasion, nous avons pu remarquer que la commune n’avait pas totalement renié le monstre : en faisait attention, on pouvait voir que le fleurissement du croisement entre la route et le pont sur le canal cachait un Nessie en buis disparaissant dans la terre pour reparaître 40 cm plus loin… Idem dans les boutiques de souvenirs où on trouvait autant de Nessie que des objets de type amérindien ( !). Pas pire que n’importe où ailleurs, quoi !

A Fort Augustus, (comme dans le moindre village d’Ecosse, du reste) il y a des pubs !


Après notre pause au pub, nous avons marché jusqu’au camping du village à 1 ou 2 kilomètres en espérant apercevoir depuis la route un joli petit coin pour camper « sauvage », mais le seul endroit pouvant correspondre était une charmante prairie… juste en face du vrai camping ! On s’est dit que ça serait vraiment trop énorme et en plus, le vrai camping avait un beau bloc sanitaire : vu l’état de ma vessie à ce moment-là (bah oui, la bière…), on n’a même pas hésité un quart de seconde. J’ai moi-même marché le plus normalement possible jusqu’aux toilettes après avoir à peine salué la gérante, laissant lâchement à Seb le soin de s’occuper de tout.


On s’est bien vite installés, avons bouquiné un peu puis pris notre repas. Nous étions installés pour la nuit (assez tôt d’ailleurs), quand nous avons entendu une conversation devant notre tente. Une fille parlait en français avec son père qui avait un net accent britannique, et que j’avais d’ailleurs trouvé un peu louche car il buvait sa bière tout seul en face de notre tente et nous avait dit (en anglais) de fermer la moustiquaire à cause des midges (Non, mais de quoi il se mêle celui-là ?). Ils s’escrimaient tous les deux à faire fonctionner un portable qu’ils venaient juste d’acheter ou je ne sais quoi. En tous les cas, ils semblaient avoir un problème d’indicateur et comme je pensais pouvoir les aider, j’ai lâché mon bouquin et suis sortie courageusement. Mes tentatives pour faire fonctionner le téléphone n’ayant pas marché, Seb a proposé depuis l’intérieur de la tente autre chose que je n’ai pas compris. Du coup il est sorti aussi et nous voilà tous les quatre dehors à papoter, faire tourner notre spray anti-midges, etc. Il s’est avéré que le monsieur (Peter) était écossais et avait été marié à une française, de qui il avait eu 3 enfants (les 2 autres n’ont pas tardé à nous rejoindre), qu’ils vivaient en France mais revenaient parfois au pays, je vous épargne les histoires de portable, de location de voiture et compagnie qui les préoccuppaient à ce moment-là, on s’en fout… En tous cas, on est arrivés à lui dire que niveau langue c’était plus dur que ce à quoi on s’attendait et qu’on trouvait que les commerçants ne faisaient pas trop d’efforts, à quoi il a répondu « et vous croyez qu’en France ça a été plus facile pour moi ? ». Après quoi il a décrété que nous finirions la soirée en anglais, ce qui ne ferait pas de mal à sa fille aînée non plus. Et hop, c’est parti : « Et alors qu’est-ce que vous avez fait ? Qu’est-ce que vous avez vu ? Vous partez quand ?... » A cette occasion on s’est rendus compte qu’on faisait exactement le même voyage retour à un jour d’intervalle, que la fille aînée ne comprenait pas grand-chose à la conversation (la pauvre, j’imagine le calvaire que ça devait être pour elle, avec son père qui essayait de la faire parler régulièrement). Enfin c’était une soirée très sympa, le seul vrai échange qu’on ait eu avec les « autochtones », bien qu’en guise d’autochtone nous n’ayons trouvé « qu’un » français d’adoption… A un moment j’ai parlé des « locks » (écluses, mot que j’avais appris la veille ou dans l’après-midi) et il m’a repris exaspéré en disant « loRrrs » car il pensait que je parlait des lochs, mais là j’ai maintenu, toute fière… C’est la seule fois que j’ai pu faire ça dans la conversation, vous vous en doutez… Pour info, la seule correction à mon anglais que j’aie retenue c’est qu’on ne dit pas « we too » (bien que ça soit grammaticalement correct, selon Peter, mais voilà, ça se dit pas du tout) mais « us as well ». Ok ? Enfin voilà, on a fini par aller se coucher. Comme c’est le camping, on entend tout ce qui se passe à côté, du coup on a très bien entendu quand la plus jeune des filles a demandé à aller aux toilettes et s’est fait pourrir parce qu’elle aurait dû y penser avant, et aussi quand la fille aînée a dit : « Ils sont gentils les voisins, hein ? ». On a fait comme si on entendait rien de tout ça, mais on s’est endormis avec le sourire.