lundi 5 novembre 2007

Inverness, Fort Augustus, 11ème jour.

Impression générale : Une bien belle journée... Fort agréable après l'épreuve de la veille!
Météo : Super beau, ciel bleu la majeure partie de la journée…
Ce que l’on apprend sur l’Ecosse et les Ecossais :
- Ils ont de bonnes idées pour réutiliser leurs anciennes églises !


Le jour se lève sur ce merveilleux endroit que nous semble être le camping d’Inverness en comparaison de notre précédent campement… En plus de ça, le ciel est bleu, illuminé par un beau soleil… La journée promet d’être belle ! Nous avons prévu d’être à Fort Augustus, sur les rives du Loch Ness, le soir. Ca nous laisse une bonne partie de la journée pour flâner un peu en ville… Et pour commencer, faire une bonne grosse lessive !
Nous regagnons le centre-ville en longeant la rivière Ness (qui sort du loch du même nom) pendant un bon moment. C’est franchement charmant, un vrai régal !
Un des moults ponts victoriens qui traversent la Ness

On s’arrête ensuite pour se débarrasser des tâches « de survie » : Seb va à la laverie et moi au supermarché en face (à faire ce récit, j’ai l’impression qu’on passait notre temps à faire les courses !). Une fois toutes ces choses passionnantes réglées, on se met en route pour les quelques endroits de la ville qu’on a repérés via le Lonely Planet et que nous souhaitons voir avant de partir… Pour l’heure, il n’est pas loin de midi, et nous commençons donc nos crapahutages par… une pause-repas ! (Gloutons nous sommes, gloutons nous resterons!). Nous choisissons pour lieu de pique-nique le Tribunal de la ville… « Quel drôle de choix ! », vous entends-je dire d’ici… Ben, c’est qu’il est plutôt pas laid, le tribunal, et surtout bâti sur le plus haut point de la ville, offrant ainsi sur elle un charmant panorama…
Inverness a l’air franchement accueillant… Le gros bâtiment qu’on voit là-haut, c’est le tribunal de la ville.

Et depuis le tribunal on voit ça…

Evidemment, nous ne sommes pas les seuls à avoir choisi cet endroit pour pique-niquer et il y a justement à côté de nous un groupe de PA (Personnes Agées, abréviation que j’emprunte pour l’occasion à beau-papa) qui a décidé de filer un paquet de chips entier aux mouettes… Quelle bonne idée ! Comme ça, elles viennent nous beugler dans les oreilles et ça multiplie par douze le risque de se prendre un malheureux incident sur le casse-croûte… Déjà qu’en temps normal, une aire de pique-nique c’est pas super « secure » du point de vue RCE (risque de chute excrémentielle), là c’était le bouquet ! M’enfin, disons par une poétique image que nous sommes « passés entre les gouttes » et que nous étions bien contents (enfin, au moins moi) de repartir sitôt les sandwiches avalés…

Alors, par où commencer ? J'ai repéré un endroit qui me plaît pas mal en ce qu’il allie des magasins au côté « visite » : c’est le Victorian Market… En gros, une galerie marchande des années 1890, ou encore : un bon prétexte pour faire du lèche-vitrine :-) . A l’intérieur, la variété des magasins est surprenante : à la fois un peu décevante (« Oh, des magasins à touristes ! ») et rassurante (« Oh, un primeur ! »). En gros, ce lieu n’est pas qu’un attrape-touristes, il y a aussi des « vraies » gens qui viennent là, mais du coup ça fait que l’apparence des « vrais » magasins est souvent nettement moins soignée que celles des vendeurs de cartes postales ou de kilts… Enfin, voilà, c’est charmant mais on ne s’y attarde pas plus qu’il ne faut pour acheter une dizaine de cartes postales (comme quoi ça marche : on n’a pas acheté des endives !).

Le Victorian Market, galerie marchande de l’époque victorienne cachée dans un pâté de maison.
Une idée du dedans… Ca ferait un bon décor pour le « Chemin de Traverse » de la série des Harry Potter, ne trouvez-vous pas ?

Ensuite, on s’est dirigés vers un endroit dont la description avait particulièrement retenu mon attention… Le Leakey’s bookshop.
De là vous diriez pas mais cet endroit est génial…

En fait, c’est une ancienne église qui a été transformée en librairie d’occasion. L’impression que ça rend est grandiose, d’autant qu’elle est vraiment pleine de bouquins, cette église !!! Des rayonnages partout, en guise d’accueil un super comptoir/meuble en bois genre « réception d’hôtel chic » couvert de piles de bouquins, une mezzanine tout autour qui donne accès aux livres les plus anciens et aux vieilles cartes, mezzanine à laquelle on accède - je vous le donne en mille - par un escalier en colimaçon ! Tous les clichés de ma bibliothèque rêvée réunis ! J’étais folle ! J’ai dit à Seb que je voulais une bibliothèque tout pareil, mais ce n’était pas vraiment la peine parce que primo c’est pas très trop possible, et deuxio, il le sait déjà depuis longtemps… Sauf que là, on l’a vraiment vu ! C’était pas un film ni un livre, c’était vrai ! En plus de ça, à l’étage, il y avait un petit café qui nous a permis de nous poser un moment pour prendre un capuccino et regarder ce superbe endroit autant qu’on voulait… Vraiment impressionnant, mais encore une fois les photos n’en rendent pas compte aussi bien que je le souhaiterais !


Ce qu’on voit depuis la partie « café »…

Ca en jette quand même, non ?


« Voir le Leakey’s bookshop et puis mourir… » Personne n’a dit ça un jour ? ... Non ?... Ah bon, je croyais… En tous cas, nous une fois qu’on a vu ça, nous n’avons plus eu grand’chose à faire dans cette ville. Nous sommes donc allés rejoindre la gare routière pour prendre notre bus.
Il s’est avéré que celui-ci n’était pas près de partir. On n’a pas compris grand’chose à ce que disait quelqu’un que j’ai pris pour une sorte de « chef de gare routière », mais les gens qui allaient à Mmummumumumm sont partis dans le premier bus plein comme un œuf, et les autres, dont nous, qui allions à Fort Augustus, devaient rester là un peu plus longtemps. Apparemment, des écoliers étaient au bord de la route en train d’attendre un bus qui n’était pas parti et il fallait qu’on les prenne au passage, le souci étant qu’on n’aurait peut-être pas assez de place pour tout le monde… Vous avez compris ? Non ? Ben pareil que nous, alors… Ca nous a donné l’occasion de sympathiser un peu avec une famille (ou plutôt une bande composée exclusivement de filles, sans doute une mère, ses trois filles d’une vingtaine d’années, et la fille de l’une d’elles) par quelques mots échangés et quelques mimiques et sourires… Pas grand’chose mais qu’est-ce que ça fait plaisir… Après une quinzaine de minutes, on a fini par partir. Le chef de gare super-stressé (il nous parlait presque comme un militaire, c’en était drôle au point qu’on s’est demandé si en fait il ne le faisait pas exprès pour que les grincheux pressés prennent leur mal en patience) a pris le volant ( ? O_o ?) et le chauffeur du bus s’est assis à côté de lui. Cherchez pas à comprendre, tant que ça roule!... Nous sommes montés avec le groupe de filles (la mère/grand-mère est restée à quai) et hop, c’est parti !

Dans le bus… Où l’on voit les ravages des méchants midges sur mon joli minois… Bah, tant que ça empêche pas d’être de bonne humeur…

C’est quoi à votre avis ? … Un loch ?! Non, c’est LE loch ! Mesdames et Messieurs, le Loch Ness !... Qui a dit « Quoi ? C’est tout ! » ?


Nous avons longé le Loch Ness un bon moment et avons été surpris du peu d’exploitation touristique qui était faite de « Nessie » (le petit nom du monstre, qu’étrangement tout le monde connaît alors que personne n’a jamais vu le monstre lui-même… M’enfin !). Un seul endroit était un peu plus tape-à-l’œil, peu avant Urquhart Castle, mais le signe le plus visible était un grand panneau dans les tons vert-bleu en forme de Nessie (vous voyez Denver le dinosaure ? ben vous le mettez à l’horizontale sans ses lunettes roses et sa guitare et ça fait pareil). C’était plutôt une bonne surprise.


A Urquhart Castle, nous avons récupéré le fameux groupe de jeunes… Pour info, Urquhart Castle est sans doute le lieu le plus connu sur le Loch Ness parce que c’est là que les gens attendent pendant des heures de voir une sorte d'énorme grenouille pointer le bout de son museau hors de l’eau. C’est d'ailleurs pour cela que nous ne nous y sommes pas arrêtés). Il y a là un vieux château en ruine (très belles ruines d’ailleurs) qui a été maintes fois détruit et reconstruit, la dernière démolition datant de 1692 (ils l’ont mis par terre exprès pour pas que les Jacobites s’en servent, c’est quand même dommage…). Bref, voici donc les djeuns qui montent dans le bus, et là, surprise!, ce sont des « frenchies » en voyage scolaire… Du coup pendant une dizaine de minutes on s’est délectés à les écouter parler comme si personne ne les comprenait. Ils n'ont particulièrement pas été tendres avec les écossaises du fond qui, certes, étaient un peu costaudes et écoutaient de la musique en chantant sans complexe, mais les jeunes français (qui étaient sans doute en troisième ou en seconde) étaient quant à eux particulièrement portés sur leur look, la musique à la mode, etc. (à choisir je préfère les écossaises, mais il faut bien que jeunesse se passe comme dirait l’autre !) A chaque arrêt les minettes à côté de nous se repoudraient le museau, les gars pavoisaient en critiquant tout. Je me rappelle particulièrement d’un arrêt en face d’une petite auberge où un des jeunes a dit : « Ouah, mais comme elle est pourrie cette maison ! J’espère qu’on va pas dormir dans un truc comme ça ! ». Je me disais « Ben mon gars, si tu savais qu’on n'a jamais dormi dans un truc aussi luxueux et qu’on a pourtant passé des super-vacances… »… Mais bon, c’est l’âge, hein ! Ca leur passera ! A force de nous voir sourire en coin dès qu’ils ouvraient la bouche (car c’est franchement caricatural un ado de cet âge, et en même temps on s’y reconnaît tellement bien parfois !), celui qui parlait tout le temps nous a demandé si on était français. Quand on a répondu que oui, ils ont eu l’air un peu gêné et ont fait un peu moins de blagues sur les écossaises du fond. Ils nous ont demandé si on était en vacances, ce qu’on avait vu, etc. J’en ai profité pour glisser une petite allusion à tous les endroits « pourris » qu’on avait vus et le « gamin » a été un peu gêné mais il savait que je le charriais. La nénette qui s’était remaquillée à la pause, très jolie et qui le savait d’ailleurs, américaine, Sixtine qu’elle s’appelait, nous a demandé si LochLochy (l’endroit où ils devaient passer la nuit apparemment) était une grosse ville. J’ai répondu « Holà, non, c’est un trou perdu ! ». Elle a eu l’air tellement dépité que je lui ai dit qu’en fait j’en savais rien, mais qu’il y avait quand même des chances que ça ne soit pas très gros. A voir la carte après coup, je pense qu’ils ont effectivement été déçus ! C’est dommage car je pense qu'ils n’ont pas spécialement profité du côté « nature » de ce voyage… Enfin, quand on est descendus du bus à Fort Augustus je me suis délectée de l’image de héros qu’on a dû leur laisser en nous éloignant avec nos gros sacs sur le dos et les chaussures de rando aux pieds !


Nous marchons quelques minutes pour atteindre ce qui semble être le cœur du village. Il faut dire que ce n’est pas bien gros, donc le cœur pourrait être n’importe où ! Mettons que ce soit au niveau de la jonction entre le canal et le loch… C’est assez particulier cette jonction, car elle consiste en une série de 5 écluses les unes à la suite des autres… A ce moment de l’année, il y a pas mal de trafic fluvial, du coup on a pu voir un paquet de bateaux, de la simple péniche au voilier plus ou moins baroque… En se débrouillant bien, on a pu entendre les questions des autres touristes au bonhomme qui pilotait tout ça, du coup on a appris que le passage de l’ensemble des écluses prenait 1 heure… Ben oui, quand même ! On était assis sur un banc au niveau de la dernière écluse quand une dame sur un des bateaux a demandé de l’aide à Seb. Elle lui a lancé une corde, comme dans les films, et lui était fier comme c’est pas permis. Malheureusement je ne l’ai pas pris en photo (je trouvais ça ridicule de faire la groupie…).


A Fort Augustus, il y a une série de 5 écluses, un peu comme à Rogny-les-sept-écluses… Quoi, vous ne connaissez pas Rogny-les-sept-écluses !? Ben faut viendre chez nous, c’est pas loin, dans l’Yonne…
Pendant l’ascension des bateaux, on a eu le temps de se balader un peu autour, et de marcher jusqu’à la jetée sur le loch. Pas super calme comme endroit : les visiteurs s’y succèdent pour commenter je ne sais quoi, mais par grand soleil et un peu plus vide, ce doit être un sympathique endroit…


A Fort Augustus, y’a des gens qui guettent le monstre du Loch Ness ...

… et qui s’en vont parce qu’ils l’ont pas vu !


Une fois notre petit tour effectué, nous nous installons à la terrasse d’un des pubs du village… A cette occasion, nous avons pu remarquer que la commune n’avait pas totalement renié le monstre : en faisait attention, on pouvait voir que le fleurissement du croisement entre la route et le pont sur le canal cachait un Nessie en buis disparaissant dans la terre pour reparaître 40 cm plus loin… Idem dans les boutiques de souvenirs où on trouvait autant de Nessie que des objets de type amérindien ( !). Pas pire que n’importe où ailleurs, quoi !

A Fort Augustus, (comme dans le moindre village d’Ecosse, du reste) il y a des pubs !


Après notre pause au pub, nous avons marché jusqu’au camping du village à 1 ou 2 kilomètres en espérant apercevoir depuis la route un joli petit coin pour camper « sauvage », mais le seul endroit pouvant correspondre était une charmante prairie… juste en face du vrai camping ! On s’est dit que ça serait vraiment trop énorme et en plus, le vrai camping avait un beau bloc sanitaire : vu l’état de ma vessie à ce moment-là (bah oui, la bière…), on n’a même pas hésité un quart de seconde. J’ai moi-même marché le plus normalement possible jusqu’aux toilettes après avoir à peine salué la gérante, laissant lâchement à Seb le soin de s’occuper de tout.


On s’est bien vite installés, avons bouquiné un peu puis pris notre repas. Nous étions installés pour la nuit (assez tôt d’ailleurs), quand nous avons entendu une conversation devant notre tente. Une fille parlait en français avec son père qui avait un net accent britannique, et que j’avais d’ailleurs trouvé un peu louche car il buvait sa bière tout seul en face de notre tente et nous avait dit (en anglais) de fermer la moustiquaire à cause des midges (Non, mais de quoi il se mêle celui-là ?). Ils s’escrimaient tous les deux à faire fonctionner un portable qu’ils venaient juste d’acheter ou je ne sais quoi. En tous les cas, ils semblaient avoir un problème d’indicateur et comme je pensais pouvoir les aider, j’ai lâché mon bouquin et suis sortie courageusement. Mes tentatives pour faire fonctionner le téléphone n’ayant pas marché, Seb a proposé depuis l’intérieur de la tente autre chose que je n’ai pas compris. Du coup il est sorti aussi et nous voilà tous les quatre dehors à papoter, faire tourner notre spray anti-midges, etc. Il s’est avéré que le monsieur (Peter) était écossais et avait été marié à une française, de qui il avait eu 3 enfants (les 2 autres n’ont pas tardé à nous rejoindre), qu’ils vivaient en France mais revenaient parfois au pays, je vous épargne les histoires de portable, de location de voiture et compagnie qui les préoccuppaient à ce moment-là, on s’en fout… En tous cas, on est arrivés à lui dire que niveau langue c’était plus dur que ce à quoi on s’attendait et qu’on trouvait que les commerçants ne faisaient pas trop d’efforts, à quoi il a répondu « et vous croyez qu’en France ça a été plus facile pour moi ? ». Après quoi il a décrété que nous finirions la soirée en anglais, ce qui ne ferait pas de mal à sa fille aînée non plus. Et hop, c’est parti : « Et alors qu’est-ce que vous avez fait ? Qu’est-ce que vous avez vu ? Vous partez quand ?... » A cette occasion on s’est rendus compte qu’on faisait exactement le même voyage retour à un jour d’intervalle, que la fille aînée ne comprenait pas grand-chose à la conversation (la pauvre, j’imagine le calvaire que ça devait être pour elle, avec son père qui essayait de la faire parler régulièrement). Enfin c’était une soirée très sympa, le seul vrai échange qu’on ait eu avec les « autochtones », bien qu’en guise d’autochtone nous n’ayons trouvé « qu’un » français d’adoption… A un moment j’ai parlé des « locks » (écluses, mot que j’avais appris la veille ou dans l’après-midi) et il m’a repris exaspéré en disant « loRrrs » car il pensait que je parlait des lochs, mais là j’ai maintenu, toute fière… C’est la seule fois que j’ai pu faire ça dans la conversation, vous vous en doutez… Pour info, la seule correction à mon anglais que j’aie retenue c’est qu’on ne dit pas « we too » (bien que ça soit grammaticalement correct, selon Peter, mais voilà, ça se dit pas du tout) mais « us as well ». Ok ? Enfin voilà, on a fini par aller se coucher. Comme c’est le camping, on entend tout ce qui se passe à côté, du coup on a très bien entendu quand la plus jeune des filles a demandé à aller aux toilettes et s’est fait pourrir parce qu’elle aurait dû y penser avant, et aussi quand la fille aînée a dit : « Ils sont gentils les voisins, hein ? ». On a fait comme si on entendait rien de tout ça, mais on s’est endormis avec le sourire.

1 commentaire:

Floooo a dit…

Et ben!! tu n'as pas perdu tes talents de romancière!! Je suis très fière de toi ma grande soeur chérie!! Très intéressant, très drôle (si si, c'est vrai et je suis sure que ça te fait plaisir que quelqu'un te dise ça!)et ça donne vraiment envie d'y aller!!
Gros bisous!