lundi 22 octobre 2007

Loch Maree, Inverness, 10ème jour.

Impression générale : Rando horrible et trempée jusqu’aux os, mauvaises inspirations, et vive les campings !
Météo : Pourri au possible, peut-être pas plus que d’autres jours sauf qu’on était dehors…
Ce que l’on apprend sur l’Ecosse et les Ecossais :
- Posez des questions pas trop précises car ils répondent seulement à ce que vous avez demandé...



Alors, je vous préviens tout de suite, je n’ai aucune photo pour illustrer cette journée, la météo ayant été tellement pourrie que nous n’avons pas sorti l’appareil photo de son étui, sauf pour l’envelopper dans du papier toilette dans l’espoir de le sécher… Allez, cela fait plusieurs jours que je repousse le moment de faire le récit de cette étape tellement mon souvenir en est désagréable, mais bon, il faudra bien que je vous raconte la fin de nos vacances, alors allons-y…

Je vous resitue donc notre position : nous avons planté la tente dans une sorte de pâture plutôt humide, sur l’endroit le plus plat que nous avions pu trouver, avec le moins de touffes d’herbe dure possible faisant des bosses sous la surface de la tente. Il avait commencé à pleuvoir quand nous mangions, en essayant d’avaler le moins de midges possible, et en se régalant de quelque chose de chaud par ce temps… On avait glissé ma cape de pluie sous la tente pour nous isoler un peu de l’humidité et déployé l’autre sur nos gros sacs de rando pour éviter de tremper ce qui se trouvait dedans. Pour le reste, n’étant pas croyants on ne s’en est pas remis à Dieu mais ce fut tout comme…

Le lendemain matin, nous nous réveillons sous la pluie. Sébastien m’informe qu’il a très mal dormi et qu’il a donc pu constater en de multiples occasions qu’il n’avait pas cessé de pleuvoir de toute la nuit (ou peut-être l’inverse). Je trouve que j’ai une position bizarre dans le sac de couchage, repliée d’un côté de façon pas très confortable. Je déplie mes jambes… Ah, c’est mouillé ! Mon sac de couchage est mouillé, le fond de la tente est mouillé, sous les tapis de sol, c’est mouillé, par endroit ça fait des mini-flaques… La journée s’annonce agréable. Les habits du jour que nous avions sortis du sac la veille sont bien évidemment mouillés aussi. Avant d’endurer la terrible épreuve de les endurer, on petit-déjeune encore allongés. Ensuite il faut y aller… Galamment Seb s’habille en 2 secondes et sort en premier de la tente au milieu des midges. Ceux-là étaient particulièrement coriaces car ni la pluie ni le vent – car il y avait aussi du vent !- ne les éloignaient… Pendant que Seb s’activait à ranger les affaires dans nos sacs, j’enfilais mes sous-vêtements mouillés, mes habits mouillés et mes chaussures mouillées, à l’abri dans la tente (il est gentil, hein ?!). Ensuite, on a replié la tente mouillée au plus vite, enfilé nos sacs protégés tant bien que mal par nos capes de pluie, avant de déguerpir.

C’est sûrement à cause du temps pourri, mais la perception que j’ai eue de la distance que nous avons parcourue ce jour-là était bien supérieure aux kilomètres réellement parcourus. On marchait d’un bon pas pour se débarrasser au plus vite de cette rando et de toute cette eau. On parlait peu, déjà parce que c’était techniquement difficile d’entendre ce que disait l’autre avec 2 ou 3 épaisseurs de capuche sur les oreilles, et ensuite parce que de toutes façons on n’avait pas envie de parler… Personnellement, je ruminais des sombres pensées à l’encontre de Véronique Sanson : sa façon de minorer une pluie comme celle-là par un petit « rien que de l’eau, de l’eau de pluie, etc. » me rendait dingue…

En plus, de la flotte, ce jour-là on s’en est payé triple ration ! Il y avait bien sûr la pluie, vous l’avez compris, mais aussi les hautes fougères trempées dans lesquelles on cheminait la plupart du temps, et aussi les ruisseaux qu’on devait franchir. Avec ce qu’il était tombé et ce qu’il continuait de pleuvoir, les petits ruisseaux tout mimis étaient souvent devenus des torrents, difficiles voire impossibles à franchir à pied sec (où plutôt « à semelle mouillée maxi »), et le sentier était souvent traversé par des ruisselets improvisés qui dévalaient sur l’herbe ou, plus traître, sous les fougères. Dans ce dernier cas, ça m’a valu quelques belles glissades dans les endroits pentus, et à Seb deux ou trois pertes d’équilibre quand un bord du sentier décidait de partir avec l’eau. Pour les ruisseaux/torrents, au début on essayait de les passer comme un jour normal, c’est-à-dire sur le gué de pierres submergées (émergées en temps normal). Finalement, on s’est assez vite résolus à y aller franco vu que c’est difficile de garder l’équilibre sur ces pierres avec du courant : de toutes façons on était déjà mouillés alors… On a donc bien souvent mis les pieds dans le plat où plutôt sur du plat, quitte à avoir de l’eau jusqu’à mi-mollet…

Je crois qu’assez vite je ne ressemblais plus à rien : ma cape, qui avait déjà un peu souffert de deux nuits sous la tente, était déchirée de partout et quand je manquais d’en perdre un morceau, je le rattachais en faisant un gros nœud pour ne pas me prendre les pieds dedans. On a marché comme ça 3 ou 4 heures avant de s’arrêter manger sans trop s’attarder. On avait beau être sous un arbre qui gouttait moins qu’il ne pleuvait, ce jour-là, rien ne nous offrait de répit : quand on marche à découvert, la pluie et le vent nous mettent les cheveux dans les yeux et augmentent le frottement de nos habits, quand on s’arrête à l’abri, on se refroidit et on sent qu’on est mouillé. Pas d’issue à part d’avancer et surtout d’arriver !

Et là j’en reviens à ce que je disais pour la journée précédente : nous étions sur une rando « maison », composée par nos bons soins en collant ensemble deux autres randos plus un morceau de carte manquant… Vu le temps qu’il faisait, on ne s’amusait pas à sortir la carte toutes les 10 minutes. On suivait simplement le chemin, en avançant au meilleur rythme que nous le permettaient nos habits qui frottaient et les nombreux ruisseaux à traverser. A un moment le chemin est descendu des hauteurs où nous étions toujours plus ou moins restés pour longer la rive du loch. Là nous étions contents car la carte 2 mentionnait effectivement un rapprochement entre le chemin et le loch. Cette perspective de savoir où nous étions, avec en plus une distance pas trop importante à parcourir (Seb l’estimait à 2h30), près du loch donc sans dénivelé majeur, et tout droit nous a un peu allégé l’esprit pendant un moment. Ok, en redescendant près du loch, on retrouvait des nuages de midges plus, nouveauté dont on se serait passés, des sortes de bestioles qu’on voit parfois sur les chevaux qui ressemblent à des tiques noires et plates avec des ailes. Bien sûr, comme elles sont plates, on ne les tue pas d’une petite claque : il faut les attraper une par une pour les dépecer. En plus ça fait un gros bruit quand ça vole, c'est-à-dire qu’on les entend avant de les voir, ce qui est stressant au plus haut point (un peu comme le moustique qu’on entend tout près de soi le soir…).

Je disais donc que pendant un moment on pouvait s’accommoder de tout ça en se disant qu’on savait où on était et qu’on arriverait bientôt… Sauf que là le chemin s’est remis à remonter. Bon, soit, on n’est peut-être pas encore sur la carte 2. Dur coup au moral ! Encore plus dur quand le chemin disparaît, on est plantés dans une forêt sans panonceau de signalisation, sans trace de passage. Bon, c’est pas grave, on va revenir sur nos pas et redescendre près du loch, on a sans doute raté un embranchement. Avec un soulagement un peu plus méfiant, on se met à suivre un chemin qui longe l’eau. Très vite on tombe sur un cul de sac. Le chemin mène à deux maisons fermées dans une clairière. Ok. Tant pis, on va y aller bourrins encore une fois et longer la rive sans chemin, tant pis… Pas possible : là où on se trouve il n’y a pas de rive, la falaise plonge directement dans l’eau. Bon. Là je ne sais plus trop comment on s’en est sortis. Je crois qu’on est remontés un peu dans les bois jusqu’à trouver une trace de chemin qui, bien qu’il soit trop haut pour être celui de la carte avait au moins le mérite d’aller dans la bonne direction et de bien se voir…

Sur la fin de la rando, je n’ai pas envie de rajouter grand-chose : il a plu, ça m’a paru interminable, il y a une petite rivière qu’on a mis du temps à traverser car elle était trop profonde et avait trop de débit pour qu’on passe « à la bourrin » donc il a fallu trouver un endroit où elle était assez étroite pour sauter par-dessus… Avec les gros sacs, c’était sympatoche ! Sur la fin, on a longé la rivière en crue qui alimentait le loch Maree en isolant par-ci par-là un mouton de ses petits copains : en les croisant on les entendait bêler tout ce qu’ils pouvaient, les pauvres… Bon on en a aussi croisé un beaucoup plus ridicule qui se sentait bloqué par une flaque très peu profonde, mais bon, on était pas spécialement en mesure d’apprécier ces choses-là.

On a fini la rando par un peu plus d’un kilomètre sur bitume pour rejoindre le village de Kinlochewe (1 café/hôtel/restaurant, 1 épicerie/salon de thé, 1 arrêt de bus et une station service alignés le long de la route vers Inverness). On est entrés dans le restaurant pour prendre quelque chose de chaud et manger un bout. J’étais un peu gênée de l’eau qui dégoulinait de partout mais la serveuse n’a rien dit. On était passés à l’arrêt du bus pour voir les horaires des bus pour Inverness. Ce n’était pas très clair du coup on a demandé confirmation à la serveuse. Moi j’avais compris qu’il y avait un bus 10 ou 15 minutes plus tard qui pouvait nous amener à la gare la plus proche et que de là on pouvait prendre un autre bus pour Inverness. Je n’étais simplement pas sûre qu’il passerait ce jour-là. J’ai donc demandé à la serveuse quand est-ce qu’était le prochain bus pour Inverness : après être allée vérifier dans ses papiers elle nous a répondu un truc comme « dans 2 heures et demie ». Nous sommes donc restés tranquilles là pour attendre un peu. Et v’là-t-y pas que le bus que j’avais vu sur les horaires arrive ! Là on se dit, « non, ça doit être autre chose, elle sait ce qu’elle dit la dame quand même… » et on laisse partir le bus…

Peu après on va à l’épicerie, qui fait aussi bureau de poste, pour acheter des timbres, on s’arrête à l’arrêt de bus juste pour voir et on se rend compte que j’avais effectivement bien compris, et que le bus qu’on a bêtement regardé partir pouvait bien nous permettre de gagner Inverness et nous éviter d’attendre 2h dans ce trou. La seule explication qu’on a trouvé pour expliquer la réponse de la serveuse, c’est qu’elle a pris ma question à la lettre et m’a seulement donné les bus directs pour Inverness sans parler des trajets avec correspondance. Je ne vois que ça. En tous cas ça m’a bien agacée, mais bon, passons. On a acheté nos timbres à l’épicerie et on s’est posés au salon de thé dans la pièce d’à côté. Comme il n’y avait personne, on a étalé nos affaires un peu partout pour qu’elles sèchent et on a sorti nos bouquins pour passer le temps. Les proprios ont été très sympas car ils nous ont autorisés à rester là jusqu’à ce que notre bus arrive alors que le salon de thé fermait entre 17h et 18h. Ils ont juste éteint la lumière et fermé la porte pour pas que les gens croient que c’était ouvert mais du coup on a été au calme à boire du thé bien chaud et à se réchauffer pendant un moment… Quand ils ont rouvert, un mini-bus de touristes est arrivé. On a un peu rassemblé nos affaires pour leur laisser de la place et on a fini par sortir, sous la pluie toujours, prendre notre bus.

Rien à dire sur le trajet. Quand on est arrivés à Inverness il ne pleuvait plus et on a même eu droit à un peu de soleil si je me rappelle bien. On avait quelques kilomètres à faire pour arriver au camping. On a repéré au passage supermarché et laverie automatique pour le lendemain et sommes arrivés lessivés (mais tellement contents !) au camping, avec blocs sanitaires, terrain viabilisé et temps dégagé… On avait vraiment l’impression d’être un autre jour…

On a demandé au gardien du camping (super-sympa) s’il n’avait pas de vieux journaux pour sécher l’intérieur de nos chaussures (Seb est un vrai MacGyver, enfin plutôt je connais rien à tout ça !). Il nous a filé un tabloïd genre « The Sun », avec une nana à poil en deuxième page, en nous disant qu’on pouvait utiliser toutes les pages pour mettre dans nos chaussures sauf celles qui parlaient du « Celtic » (son club de foot préféré). Cool, je me suis fait un plaisir de froisser la grognasse en premier - avant que Seb ait le temps de trop la détailler ou l’idée de comparer quoi que ce soit - et de la mettre bien au fond de ma chaussure gauche…

On a mis nos habits à sécher sur le grillage du camping, on a déployé la tente qu’on a épongé comme on a pu avec une petite lavette pour qu’elle sèche plus vite. Elle était quasiment sèche quand on l’a montée. Ensuite, hop ! une bonne douche chaude et un bon moment passé à m’enlever les tiques volantes qui s’étaient planquées dans mes cheveux, plaquées au cuir chevelu. Je m’en suis enlevé une bonne dizaine, je pense. Au final, je ne sais pas si ça pique, en tous cas je n’ai rien senti ni n’ai gardé aucune trace d’une hypothétique piqûre…

Seule déception de la soirée : notre petit plaisir du repas, une bouteille de Yop qu’on avait achetée quelques jours plus tôt demeurait introuvable. On a dû se rendre à l’évidence : on l’avait oubliée sur notre campement de la nuit précédente. On n’a pas dû la voir dans les herbes, et on est partis tellement vite qu’on n’a pas trop pris le temps de faire le tour pour vérifier qu’on n’avait rien oublié… Outre la déception purement égoïste de ne pas avoir notre dessert, on était aussi bien embêtés de commettre la plus primaire, énorme et vile pollution qui soit ! Ah ils sont beaux les jeunes qui prônent le développement durable, tiens ! Tout ce que j’ai espéré ce soir-là, c’est que quelqu’un passerait de nouveau par là, verrait la bouteille et la ramasserait. Peu probable vous me direz, mais bon, moi j’ai bien ramassé un emballage de barre énergétique qui traînait sur le chemin…

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour !
J'ai trouvé ton blog passionnant ! Je suis amoureuse de l'Ecosse et j'ai créé mon blog sur le sujet il y a 1 mois. Au programme : histoire, légendes, recettes et plein d'autres choses. Le but : partager mes petites connaissances avec d'autres personnes qui s'y connaissent mieux que moi... Si le coeur t'en dit, viens me faire une petite visite !
Bonne continuation !
Valou
http://valou-evasion-ecossaise.blogspot.com

Lucile a dit…

Merci pour ton commentaire Valou!
J'ai été faire un p'tit tour sur ton blog : il a l'air plein de petites anecdotes sympa comme j'aime bien en trouver... La petite histoire de la marmelade (et l'origine de son nom surtout) m'a bien plu... J'essaierai de revenir de temps en temps...